Entorse Acromio-Claviculaire
Les entorses et luxations acromioclaviculaires sont fréquentes, en particulier dans la pratique des sports de contact (judo, rugby..).
Elles sont connues depuis Hippocrate et Galien (médecin romain célèbre) en a fait une belle description à propos de sa propre épaule qu’il s’était luxé lors d’unentraînement de lutte. Elles touchent plus souvent les hommes que les femmes autour de la trentaine.
L’acromio-claviculaire est l’articulation située entre la clavicule qui fixe le membre supérieur au tronc et l’acromion, saillie osseuse du moignon de l ‘épaule qui appartient à l’omoplate (ou scapula).
Cette articulation n’apparaît que vers l’âge de trois ans, devient « adulte » vers l’âge de 20 ans et perd progressivement le ménisque qu’elle possédait vers l’âge de 40 ans.
L’articulation acromio-claviculaire relie la clavicule et la scapula. Elle est la clef de voûte de la ceinture scapulaire et permet la jonction entre le tronc et le membre supérieur.
Bien qu’elle soit peu mobile, c’est une vraie articulation avec des ligaments importants qui ont pour fonction de maintenir attaché le membre supérieur à la clavicule, elle même attachée sur le thorax. Ces ligaments relient la clavicule à l’acromion (ligaments acromio-coracoïdiens) ou à la coracoïde, autre expansion de la scapula (ligaments coraco-claviculaires). Ce double système de haubans maintient la clavicule attaché à la scapula, comme le mât d’un bateau. Les ligaments acromio-coracoïdiens luttent contre le déplacement d’avant en arrière, les ligaments coraco-claviculaires contre le déplacement vers le bas de la scapula et du bras attirés par la pesanteur.
Quand on chute sur l’épaule, le bras est abaissé violemment ce qui entraîne la déchirure des ligaments stabilisateurs de l’acromio-claviculaire. On classe les lésions selon la gravité.
Type 1 : ou entorse bénigne. Les ligaments acromio-claviculaires sont distendus mais intacts. Il n’existe qu’un oedème (gonflement) localisé et une douleur à la palpation de l’articulation. Les radiographies sont normales.
Type 2 : Les ligaments acromioclaviculaires sont rompus, les ligaments coraco-claviculaires sont étirés mais intacts et la clavicule devient instable horizontalement lors du testing. Douleur et gonflement sont proches de l’entorse de type I, les radiographies sont le plus souvent normales.
Type 3 : Les ligaments acromioclaviculaires et coraco-claviculaires sont rompus, il existe un déplacement articulaire qui ne dépasse pas 100% de la hauteur de la clavicule, la clavicule est instable horizontalement et verticalement. Ces entorses se voient sur les radiographies.
Type 4 : Une déchirure des muscles qui recouvrent l’articulation est associée aux lésions précédentes et la clavicule est bloquée en arrière.
Type 5 : Les lésions sont identiques au type 4, mais la clavicule est « luxée » vers le haut avec un déplacement majeur, et elle est instable dans toutes les directions. Elle apparaît sous la peau qui peut parfois être déchirée.
Type 6 exceptionnel. Les lésions bénignes de type 1 & 2 représentent environ 20 à 40% des patients. L’instabilité est vue sur les clichés radiologiques dès qu’elle atteint le stade III.
Les radiographies sont par ailleurs indispensables pour rechercher d’autres lésions. Scanner et IRM n’ont pas d’intérêt le plus souvent.
Il reste très discuté, car la plupart des patients vont bien, même si on ne fait rien.
Actuellement, un certain consensus existe sur :
– Le traitement non opératoire des lésions de Type 1 & 2. De nombreux bandages ont été proposés, tous mal tolérés et abandonnés, leurs complications étant beaucoup plus importantes que le bénéfice très hypothétique qu’ils apporteraient. Si ces traitements évitent une cicatrice, la déformation va persister et il y a parfois des ossifications qui apparaissent, sans que cela entraîne un mauvais résultat.
– Le traitement chirurgical des lésions de Type 4 & 5 mais seulement chez les sujets jeunes, sportifs ou les travailleurs manuels travaillant le bras en l’air. Les sujets plus âgés ne sont pas opérés. Les résultats chirurgicaux sont bons dans la très grande majorité des séries, mais ont tendance à se dégrader dans le temps. Aucune technique ne permet de « remettre » exactement en position anatomique la clavicule relativement à l’acromion.
– Les lésions de Type 3 posent le plus de problème. Les études comparatives semblent montrer la supériorité du traitement non chirurgical pour la restauration de la force à une année. Si on analyse tous les résultats publiés dans la littérature scientifique, un résultat satisfaisant est plus probable en cas de traitement non chirurgical. Pour les pratiquants de sports de contacts (rugby, hockey sur glace), l’abstention chirurgicale est la règle pour les Types 3.
Les techniques sont multiples!
Pour l’instant la très grande majorité des traitements se font en ouvrant la peau.
Le traitement chirurgical est possible sous arthroscopie.
Le matériel et la technique utilisé dépend des habitudes du chirurgien.
Elles ne sont pas rares, entre 10 et 20% selon les séries publiées dans la littérature scientifique. Il peut s’agir, selon les techniques : De déplacements ou ruptures de broches, d’infections habituellement superficielles, de lésions nerveuses (rares), d’arthrose à long terme, plus fréquente quand la réduction est incomplète.
Mais les principales complications sont la récidive de la déformation (jusqu’à 50% des patients) et l’existence de douleurs pouvant conduire à une résection secondaire de la clavicule. La cicatrice est le plus souvent peu esthétique à ce niveau.